Femmes

Hélène Grimaud

« C’est la beauté qui sauvera le monde ».

Quand j’ai lu cette phrase dans un de ses livres je n’ai pas compris le rapport qui pouvait exister entre la beauté et le sauvetage d’une planète et de ses gens.

Hélène est une pianiste pas comme les autres, une musicienne pas comme les autres, une femme pas comme les autres. Je me suis tellement imprégné de « son » piano que je sais si c’est elle qui joue quand je tombe sur une diffusion en cours à la radio.

J’ai assisté à un concert donné par Hélène au Grand Théâtre de Bordeaux, au troisième rang, autrement dit à ses pieds et vous l’imaginez dans le sens que vous voulez.

Je savais qu’il y aurait un rappel et je me suis surpris à penser à cette phrase sur la beauté quand Hélène est revenue sur scène. En une fraction de seconde j’ai prié pour qu’elle interprète l’intermezzo opus 118 de Brahms. Je l’ai écouté maintes fois sans jamais découvrir comment elle pouvait restituer cette pièce avec autant de grâce. Et elle a attaqué cet opus. Mes mains sont très vite allées sur mes yeux (ne plus voir pour mieux entendre ?) et le piano a statufié les 1200 personnes qui étaient là. La dernière note s’est évaporée lentement et le temps s’est arrêté. Une éternité. Probablement une fraction de seconde avant que la salle explose, mais une éternité pour moi. Et j’avais enfin compris.

Françoise Giroud

J’aimais cette voix douce et ce sourire rassurant. Elle a milité pour les femmes et a défendu le métier de journaliste. J’ai encore en mémoire certains de ses éditoriaux du Nouvel’Obs.

Elle a tenu tête à des puissants grâce à une admirable force de caractère. Secrétaire d’Etat, c’est elle qui a mis en place les droits propres aux femmes, qui a ouvert aux femmes des métiers dits masculins. Une chute dans un escalier va nous priver de cette femme et j’avoue sans honte que j’ai, le jour de son décès, eu des…poussières dans les yeux.

Sophie Jovillard  

Insigna Jovillardus, communément appelée « la jovillard », est une fleur de la région du Lyonnais, née du savoir faire des chercheurs botanistes de l’EFAP (Etudes Florales APpliquées). De belle couleur, la jovillard est une fleur persistante qui ne nécessite que peu d’entretien et qui embellit son environnement. Elle colonise le PAF, « Paysage A Fleurs », nom donné à cette bande de territoire qui va de Paris à la Provence en passant par Lyon. Elle s’accommode de tous les terrains et le soleil lui donne des reflets magiques. Son instinct migratoire fait qu’on la retrouve aussi un peu partout, mais pour des périodes très brèves. Elle a une autre particularité : l’émission de sons d’une belle amplitude harmonique. Suivies par une foule de connaisseurs, ces émissions de la Jovillard finissent toujours par un message qui ne laisse pas insensible : « je vous embrasse ». Une fleur qui parle. Le phénomène est assez rare pour qu’il soit signalé. (texte laissé sur un forum).

 Ce clin d'oeil laissé sur un forum j'ajoute que Sophie me réconcilie avec la nature humaine.

Le terme AUDIOVISUEL lui va bien. Côté « audio » elle a tout ce qu'il faut, un timbre de voix exceptionnel et une diction parfaite. Côté « visuel » rien ne manque. Un minois très agréable à regarder, un sourire dont elle n'est pas avare et une gestuelle qui confirme une empathie naturelle et un bel humanisme. Elle dit « aimer les gens ». Elle le prouve, naturellement. A tout cela s'ajoute un remarquable professionnalisme animé par une recherche permanente de la perfection. Dans les écoles de journalisme on devrait appeler ce comportement le Jovill'Art ! En octobre 2018 nous nous sommes raté de peu à l'autre bout du monde, au Népal, elle pour une de ses plus belles EB et moi pour une inoubliable visite humanitaire. #désolationintense !

Depuis toujours je me suis interrogé, avant une décision importante, sur ce qui se passerait "si tout le monde faisait pareil". Appliquée à Sophie la question devient "que serait le monde s'il était peuplé de gens de sa trempe" ? La réponse est simple : il serait bien.

Marie Curie

Dans mon panthéon de femmes exceptionnelles il n’y a pas de classement affectif. J’ai une grande affection pour chacune d’elle et j’explique pourquoi. Marie Curie fait partie de celles qui ouvrent les voies. Quel palmarès et quel exemple : 2 prix Nobel dans 2 disciplines différentes, première femme directrice de laboratoire universitaire. Elle va mettre son inventivité au service des blessés de la première guerre en créant un corps d’ambulanciers à bord de véhicules équipés de matériel de radiologie, les « petites curies » !

Et nous sommes au début du siècle dernier. Imaginez ce qu’elle a dû entendre de la part de beaucoup ! Chapeau bas madame.

Geneviève Anthonioz De Gaulle

Etre humain. Geneviève Anthonioz De Gaulle, nièce du général, était un être humain qui n’a cessé d’être humain. Elle éclairait. Passer quelques instants avec une telle femme devait être un enrichissement exceptionnel.

Bernadette Soubirous

Au-delà de la religion, cette femme fascine. Comment et pourquoi une enfant qui savait à peine lire a pu devenir le symbole du don de soi. Les témoignages de ceux qui l’ont approchée sont unanimes : il y avait chez elle une dimension humaniste impressionnante et une volonté naturelle. Elle a fait face à de nombreuses personnalités missionnées pour l’interroger, toujours avec le même calme et la même détermination. Elle a dit « n’avoir jamais rien fait sans le faire avec amour », elle l’a dit… et l’a fait !

Partie à 35 ans. Pourquoi si tôt ?

Il faut aller la voir à Nevers. Elle a 175 ans aujourd’hui. On le dirait pas.

 Latifa Ibn Ziaten

En créant cette rubrique de FEMMES PHARES je ne me doutais pas qu’un jour j’en croiserais une qui illustrerait aussi bien mon idée.

Si le Dieu auquel elle croit existe, qu’Il nous la garde longtemps.

Si le Dieu auquel je ne crois plus beaucoup existe, qu’Il s’entendre avec le premier pour nous la garder encore plus longtemps.       

Et que l’humanité intelligente, qui existe encore, vers laquelle elle tend les bras, sache la protéger.

 LA SUITE ci-dessous ...